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L'endurance équestre, sortir des préjugés

Comment fonctionne l’univers de l’endurance équestre ? Se soucie-t-on vraiment du bien-être du cheval ? Tacante mène l’enquête dans une écurie spécialisée.
L'endurance équestre, sortir des préjugés

L’endurance est une des sept disciplines équestres mondiales reconnues par la Fédération Equestre Internationale. Une course d’endurance est une course chronométrée à cheval, qui peut aller jusqu’à 160km en une journée, pendant laquelle l’état de santé du cheval est régulièrement contrôlée. En cas de doute (boiterie, épuisement, déshydratation,…), l’animal et son cavalier sont disqualifiés. C’est pourquoi, en théorie, le cavalier doit être particulièrement attentif au bien-être de sa monture.

Oui, mais voilà ! Récemment, de nombreux scandales ont terni l’image du monde de l’endurance de compétition : morts de nombreux chevaux à cause de déshydratation sévère ou d’épuisement, soupçons de dopage (20 chevaux contrôlés positifs chez l’émir de Dubaï en 2013), photos de chevaux excessivement maigres, lettre ouverte de l’équipe vétérinaire chargée du contrôle de la course de Compiègne en mai 2014, courses factices de qualification…

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Comment fonctionne l’univers de l’endurance équestre? Se soucie-t-on vraiment du bien-être du cheval d’endurance ?

Tacante mène l’enquête dans une écurie spécialisée en endurance, les Ecuries de la Maltorne à St Lucien (28), à quelques kilomètres de Rambouillet. Nous avons rencontré Régine Bollon propriétaire des lieux depuis 1981, qui prend en charge l’entretien et l’entraînement d’une vingtaine de chevaux. Elle a accepté de répondre à nos questions.

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Tacante : comment décririez-vous le cheval d’endurance idéal ?

RB : la race du cheval reste primordiale : Pur Sang Arabe, Anglo-Arabe (avec au moins 50% d’arabe), Arabe Shagya et bien sûr Demi-Sang Arabe. Ensuite, le cheval d’endurance doit avoir de bons aplombs, pas trop de masse et un bon équilibre. Ses allures doivent être rasantes. Il doit également avoir une bonne capacité de récupération cardiaque, indispensable pour tourner en tête de course.

Tacante : comment est née votre passion pour l’endurance équestre ? Quelles sont les qualités d’un bon cavalier d’endurance ?

RB : J’ai passé mes 20 premières années dans les pays arabes, c’est donc naturellement que je me suis tournée vers cette race lorsque j’ai acquis mon premier cheval. En arrivant en France, j’ai beaucoup randonné en Lozère avec le maître Randonneur Louis Chardon qui était précurseur a cette époque et possédait que des chevaux arabes. Conquise par cette race, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers l’endurance, en arrivant en région parisienne en 1986.
L’endurance a beaucoup évolué ces dernières années avec l’arrivée des cavaliers du Moyen Orient. Maintenant les courses sont très rapides et nécessitent des cavaliers montant mieux et des chevaux mieux entraînés.

Tacante : Quelle est la semaine-type d’un cheval d’endurance entre les compétitions ?

RB : le programme de travail ne doit pas être le même pour un jeune cheval qui débute et pour un cheval plus expérimenté. Pour un jeune cheval, je demande beaucoup de travail de fond et du pas. Il peut m’arriver de faire quelques trottings et galops, mais jamais sur de longues distances. Pour un cheval plus expérimenté, qui peut courir des courses de 90km ou plus, je sors 3 à 5 fois par semaine, en alternant les séances de pas avec trotting, des parcours avec des dénivelés et des séances de galop de 30 min à 2H suivant le niveau du cheval et la compétition à venir.

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Tacante : à l’entraînement, qui contrôle l’état de santé de votre cheval ? Quels sont les critères qui vous alarment ?

RB : je m’occupe personnellement de tous mes chevaux. Les membres restent le point
principal a surveiller. Après chaque séance d’entraînement active, j’applique de l’argile et des bandes de repos sur les membres. Je vérifie toujours les allures à chaud, puis à froid le lendemain. Je vérifie qu’il n’y ait pas d’engorgement, de chaleur ou de boiterie. Ensuite, je surveille également les constantes cardiaques (au départ de l’entraînement, à l’arrivée puis 10 minutes après l’arrivée) et l’appétit de mes chevaux.

Tacante : à combien de compétitions participe, en moyenne, un cheval dans votre écurie ?

RB : 3 à 5 compétitions pour un jeune cheval, 1 à 3 pour un cheval de expérimenté, mais sur de plus longues distances (130km en moyenne).

Tacante : pendant la course, quels sont les signes qui font dire au cavalier qu’un cheval est en souffrance ?

RB : il faut garder à l’esprit que le stress engendré par la compétition modifie toujours les données référence acquises à l’entraînement. Le cavalier doit s’alerter quand la récupération cardiaque est mauvaise quand son cheval conserve le galop sur le même diagonal, quand il ne s’abreuve pas ou ne se nourrit pas pendant les temps de pause, ou quand il a un mauvais transit.

Tacante : quel est le programme du cheval le lendemain d’une compétition intense ?

RB : chez moi, il est mis au pré avec une couverture ou non selon la météo.

Tacante : selon vous, à quoi sont dus les abus constatés lors d’épreuves d’endurance de niveau international ? Comment les limiter ?

RB : les chevaux font parfois les frais de cavaliers sans scrupule prêt à tout pour gagner les compétitions. Les contrôles vétérinaires sont là pour servir de garde-fous et éviter tout abus, il faut les respecter !

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