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Sujet polémique : les enrênements, sont-ils (in)utiles ?

Avec ou sans enrênement ? Voilà un sujet qui fait souvent polémique. Reprenons les bases et questionnons des pros...
Sujet polémique : les enrênements, sont-ils (in)utiles ?

Voilà un sujet qui fait souvent polémique.

Dans les clubs, en particulier dans les séances pour débutants mais pas uniquement, on trouve de nombreux chevaux enrênés. Autorisés pour le passage des examens, interdits pour les concours officiels de dressage, le but des enrênements est toujours d’indiquer au cheval l’attitude qui lui permettra de se muscler “dans le bon sens”.

Toutefois, mal utilisés (par exemple en sous impulsion) ou mal réglés, ils peuvent involontairement contribuer à développer une musculature inversée, pousser le cheval à s’encapuchonner ou à fuir le contact avec la bouche.

Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui considèrent les enrênements, si délicats à maîtriser, comme outils néfastes au bon développement du cheval.

Alors, avec ou sans enrênement ?

Reprenons les bases : qu’est-ce qu’un enrênement ?

Très nombreux, de différentes sortes, les enrênements sont des moyens mécaniques qui agissent sur l’attitude du cheval. Ils ne substituent pas aux aides du cavalier, mais peuvent les compléter.

Il existe des enrênements fixes et des enrênements commandés, c’est-à-dire gérés en direct par le cavalier. Il y a également des enrênements pour le travail à la longe (rênes fixes, élastiques, pessoa…) et d’autres pour le travail monté (rênes allemandes, gogues, chambon…).

Certains n’agissent que sur la nuque, d’autres aussi sur l’encolure, et certains plus complets prennent en compte l’engagement des postérieurs.

Qu’en pensent les pros ?

Tacante est allé à la rencontre de Patrick Anciaume, instructeur réputé de CSO et père du cavalier international Timothée Anciaume. Pour lui, les enrênements sont à utiliser de façon très prudente, et ne doivent pas indiquer au cheval l’attitude qu’il doit prendre, mais seulement empêcher ponctuellement que le cheval ne prenne une trop mauvaise attitude. Sur le plat, le seul enrênement qu’il utilise est l’enrênement Howlett, afin de fixer une limite supérieure aux chevaux qui en ont besoin. Cet enrênement est à préférer aux rênes allemandes, puisqu’il n’agit plus une fois que le cheval a une bonne attitude. 

A l’obstacle, Patrick n’utilise qu’une martingale à anneaux, pour éviter que certains chevaux ne creusent leur dos quand les cavaliers ont besoin de les rééquilibrer en les reprenant au cours d’un parcours. Pour le cheval, le risque de l’enrênement est l’encapuchonnement. Et pour le cavalier, en abuser empêche le développement du “tact équestre”, élément essentiel de l’équitation juste.

Pour résumer, les enrênements pourraient être utilisés par une main experte, mais si la main est experte, point n’est alors besoin d’enrênement !

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Patrick Anciaume – Martingale à anneaux

En ce qui concerne le monde du dressage, Tacante a rencontré Audrey Duriez, responsable des Ecuries de l’Orée en Seine-Maritime, qui pratique l’équitation de tradition française, issue des principes classiques de La Guérinière et Baucher.

Voici ce qu’elle nous dit : “Personnellement, je me refuse à recourir aux enrênements, qui représentent selon moi des artifices visant trop souvent à éviter le travail préparatoire du cheval ou à pallier au manque de compétences techniques du cavalier, en contraignant le cheval à adopter une certaine attitude. La main seule, bien employée, permet de travailler un cheval correctement. Le cheval doit être envisagé dans sa globalité, avec ses particularités et dans son environnement afin d’adapter au mieux son travail, alliant travail monté et travail à pied, en main ou à la longe. Les enrênements peuvent donner l’impression que le cheval adopte une posture correcte alors qu’il travaille au contraire en luttant contre l’effet de l’enrênement, donc à contre sens.”

Maintenant, nous vous laissons la parole : quelle utilisation faites-vous des enrênements ? Que penser du lien qui existe entre le cheval et son cavalier, en particulier du lien avec sa bouche, si ce lien est altéré par l’utilisation abusive d’enrênements ? A vous de témoigner !

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Audrey Duriez
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